En balade nocturne avec les Eclaireurs

Cadre de vie

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Une concertation pour transformer l’éclairage public à l'échelle du territoire

On vous emmène sur les pas des Eclaireurs, ces habitants et élus du territoire qui participent à la construction du Schéma directeur d’aménagement lumière (SDAL), le guide technique et stratégique qui permettra à Plaine Commune de transformer l’éclairage public et les futures ambiances nocturnes à l’échelle des 9 communes.

 

Pourquoi cette démarche ?

La nuit représente la moitié de notre quotidien (et encore plus en hiver quand la ville s’assombrit dès la fin d’après-midi), elle est essentielle pour notre santé et pour l’équilibre de la faune et de la flore. La nuit est donc indispensable et la lumière artificielle doit à la fois la respecter et permettre de maintenir une activité. « Pour concevoir un document et une stratégie d’aménagement de l’éclairage et de l’ambiance lumineuse qui correspondent aux besoins et aux attentes des habitants et usagers du territoire, nous avons, pendant deux ans d’études, fait appel à des agents du Territoire, des experts, des concepteurs lumière, des spécialistes en environnement et en réseaux, mais aussi à des habitants : les Eclaireurs », explique Nathalie Frayssinet, Cheffe de projet Eclairage public à Plaine Commune. « Les habitants ont été associés dès le début et tout au long de l’étude, pour accompagner la réflexion et l’appréhension de chaque sujet. Cela permet de prendre en compte la connaissance et les besoins qui viennent du terrain et d’avoir vision d’ensemble de qualité. »

Le rôle des Éclaireurs

Présents dès la phase de diagnostic, la quarantaine d’Eclaireurs sont montés en compétences pour parler de ces questions d’éclairage et co-construire le SDAL, un texte vôté le 28 novembre en Conseil de Territoire et porté par l'élu Laurent Monnet. Ils ont d’abord visité chaque ville du territoire, pour bien appréhender chacun des enjeux de santé et de sécurité publique, de confort et de biodiversité liés à l’éclairage, en situation. Deux ateliers ont ensuite été organisés. Un premier sur l’acceptabilité des ambiances selon obscurité, puis un second sur l’inclusivité et le rapport à l’espace public nocturne, en particulier selon le genre.

Retour en images sur la balade nocturne de novembre 2023

Pour clôturer la démarche de concertation, une dernière rencontre était programmée : celle de la restitution de l’étude. Les Eclaireurs étaient invités, mardi 7 novembre à la tombée de la nuit, à une démonstration par l’exemple de ce que sera l’éclairage de demain. 3 sites distincts pour expérimenter et démontrer concrètement tout ce qui a été dit, pensé et analysé jusque-là.

Préserver la biodiversité nocturne

Le premier arrêt, square du Temps des cerises à L’Île-Saint-Denis, est constitué par des peintures photo luminescentes dessinées par l’agence Concepto : « Il s’agit ici de montrer que l’obscurité peut également être bénéfique. Cette installation, dénommée Obscurothérapie, ne permet de voir les motifs phosphorescents que dans le noir. C’est une manière de rendre poétique et ludique l’obscurité, de la mettre en valeur», précise Nathalie Frayssinet. Le lieu, symbolique, a été choisi car il est au cœur d’un maillage de corridors écologiques dans lequel il est nécessaire de réduire la luminosité pour préserver la faune et la flore.

Un éclairage efficace, plus sobre et plus confortable

Le second site est situé rue de la liberté, à Saint-Denis.  « Ici, c’est la rue de tous les jours, la rue courante, celle qu’on retrouve en majorité dans chacune des villes du territoire. L’expérimentation proposée consiste à diminuer la hauteur des mâts d’éclairage et à les réemployer. Nous avons déposé des lampadaires de 9 mètres de haut pour les couper et les ramener à 6 mètres, sous les feuillages des arbres. Cela permet de passer d’un éclairage routier, très haut, qui éclaire loin, à un éclairage plus humain, urbain, à l’échelle des usagers. Cette initiative de réemploi est un succès, avec notre action un même mât peut être encore utilisé pendant 25 ans ! » Dans cette rue, 13 mâts sur 14 se sont avérés réemployables. Une expérience qui offre des perspectives à moyen et long terme puisqu’elle permet d’envisager la création d’une véritable filière de réemploi des 13 000 mâts du territoire qui pourraient bénéficier de ce procédé dans les prochaines années. 

Mettre en lumière les identités du territoire

 

Troisième et dernière étape du parcours, le 13 rue Pablo Neruda à Villetaneuse, pour assister à la projection d’une œuvre lumineuse sur une façade. « Nous voulons prouver ici que ce qui fait qu’on se sent bien n’est pas forcément lié à l’intensité de l’éclairage, mais plutôt à la qualité de la lumière, qui joue aussi sur le sentiment de confort et de sécurité. Ici, nous avons décidé de mettre en lumière et de projeter un portrait d’Högna Sigurðardóttir, l’architecte à l’origine de l’université de Villetaneuse et du cité voisine. En l’occurrence, c’est une femme. C’est aussi l’occasion de valoriser le matrimoine.» 

 

L’idée consiste à identifier des endroits clés avec l’aide des habitants et les éclairer pour les faire exister aussi la nuit. Il s’agit de mettre en valeur des repères, des symboles, des lieux emblématiques, qui peuvent être comme ici des façades au cœur des quartiers mais aussi des ponts ou encore des fresques, pour proposer une ambiance ludique, agréable, un accompagnement qualitatif des aménagements et des espaces publics.

En conclusion

« L’ambition forte du SDAL, c’est d’éclairer mieux, pas forcément plus. Il faut savoir qu’à Plaine Commune, on éclaire actuellement davantage qu’à Paris ! Dans les prochaines années, nous allons appliquer le SDAL en respectant chacune des prescriptions édictées, faire un inventaire de la biodiversité nocturne pour répondre le mieux possible aux besoins et consulter la population pour continuer à construire ensemble l’éclairage de demain. D’ici 5 ans nous avons l’ambition de sanctuariser les zones d’obscurité potentielles protégeant les corridors écologiques, avant d’atteindre 200 endroits clé mis en lumière et 100 % d’éclairage LED dans 10 ans. En 2040, nous économiserons 60% d’énergie puis, à l’horizon 2050, au moins 75 % d’économies d’énergie. » précise Nathalie Frayssinet.

Pour en savoir plus sur le Schéma directeur d’aménagement lumière (SDAL) de Plaine Commune, rendez-vous ici