Franchissement Franc-Moisin : un fil entre deux rives

Saint-Denis

Publié le

Une nouvelle passerelle sur le territoire. Découvrez le time lapse !

Avec la pose spectaculaire de son tablier les 16 et 17 août derniers, le projet vient d’entrer dans sa phase finale. Il permettra de réduire les fractures territoriales dionysiennes pour créer, de part et d’autre du canal, des espaces publics de grande qualité. Livrée en mai 2024, la passerelle sera, comme d’autres franchissements en cours de finalisation, prête pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Objectif : reconnecter les territoires  

 

C’est dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques, que Plaine Commune, maître d’ouvrage, mais aussi la Région Île-de-France et la SOLIDEO  (Société de Livraison des Ouvrages Olympiques) aménagent cette passerelle, appelée à devenir l'un des héritages durables et majeurs de l’événement. Une fois achevé, l’ouvrage permettra de rendre accessible le Stade de France et de décloisonner les quartiers Franc-Moisin/Bel-Air. Ce nouveau fil entre les deux rives du canal facilitera la vie des habitants de la rive est du Canal, qui doivent aujourd’hui emprunter un franchissement vétuste en forme d’arc inaugurée en 1998. « Le passage par l’ancienne passerelle était abrupt et inaccessible aux personnes à mobilité réduite, mais aussi particulièrement difficile à pratiquer pour les personnes âgées, avec poussettes ou même pour les cyclistes, qui étaient toutes et tous obligés de faire le détour », explique Martin Griot, Chef de projet à Plaine Commune.

250 tonnes d’acier réemployées

Lors de sa visite du chantier le 16 août dernier, Mathieu Hanotin, président de Plaine Commune et maire de Saint-Denis, a exprimé sa satisfaction : « Peu de franchissements de cette ampleur ont pu être réalisés en seulement trois ans. C’est grâce au réemploi, élément capital du projet, que nous pouvons arriver à nos fins : c'est le métabolisme urbain. Si nous avions décidé de le bâtir neuf, cet ouvrage n’aurait jamais pu être aussi large, aussi généreux. Ce  n’est pas le même coût, pas les mêmes délais de réalisation, pas le même impact pour l’environnement. »

Outre la passerelle, il existait en effet un autre moyen de franchir le canal à cet endroit. Un pont tournant a été inauguré en 2003 pour être accessible aux voitures, aux piétons et aux vélos. « Seulement, depuis sa création, l’ouvrage a passé bien plus de temps en maintenance qu’en service et ses coûts d’entretien sont devenus très importants. Pour reconstruire ce pont ou le remettre en état de fonctionnement, il nous aurait fallu investir une somme bien plus importante », précise Benoît Louboutin, Chef de projet Programmation et Maîtrise d’Ouvrage des espaces publics à Plaine Commune. Plutôt que de démolir deux ouvrages d’art - le pont mobile actuel et la passerelle existante non accessible – afin d’en construire un troisième, le projet s’est orienté vers une démarche plus vertueuse, grâce à une proposition réemployant les 250 tonnes du tablier de l’ancien pont mobile. « Depuis la conception jusqu’à la réalisation, cette  solution a permis de limiter les coûts et d’offrir un ouvrage de plus grande taille, tout en ayant l’avantage de réduire l’impact environnemental de la construction ». 

Une opération délicate

Pour réaliser l’opération, plusieurs étapes ont été nécessaires. Il a d’abord fallu construire une barge à quelques centaines de mètres de là, au niveau du Pont Francis-de-Pressensé, avant de l’acheminer jusqu’au site. La partie la plus délicate a concerné le levage du tablier : « La barge, équipée d’engins spécifiques, s’est approchée de l’ancien tablier pour le surélever à 5,25 mètres de hauteur, avant de le tourner jusqu’à ce qu’il se trouve dans le bon axe. Une intervention délicate, réalisée très lentement, qui a duré près de deux jours », explique leMartin Griot. Une fois le tablier posé sur les piles du pont, le reste des travaux pouvait commencer.

La création d’un « super espace public »

Large de 13 mètres, la passerelle mesurera 50 mètres de long et disposera de deux rampes d’accès, longues de 140 mètres, de chaque côté du canal, ainsi que de deux descentes d’escaliers, de part et d’autre de la voie d’eau. Doté d’une ampleur monumentale, l’ouvrage s’intègre et participe à un « super espace public », une nouvelle polarité urbaine composée de trois zones distinctes dans la continuité du canal et des quartiers environnants, offrant une programmation riche et complète.  Côté Franc-Moisin, une placette végétalisée variée à programmation inclusive en continuité directe de la rampe menant au tablier, dotée d’un parcours sportif dans la continuité des berges du canal, d’une plateforme inclusive à l’intérieur de la rampe et de jardins en terrasses.

Sur le tablier, au centre de la passerelle, un deck aménagé permettant de s’asseoir, en panorama sur le canal, le Stade de France et le cours du Ru de Montfort.  Rive gauche, un jardin d’eau créé dans l’ancienne fosse du pont mobile et un espace de connexion entre la place du Cornillon, la future piste cyclable de la RD24 et la rampe. Compte tenu de la longueur des rampes, conçues avec des pentes continues de 4 %, un palier a été ajouté à mi-parcours afin de permettre une pause, un repos, dans le parcours pour les personnes à mobilité réduite. L’ancienne passerelle sera conservée pendant toute la durée des travaux et les Jeux olympiques, avant d’être détruite ou elle aussi réemployée.

Un archipel de franchissements pour décloisonner le territoire

Parsemé d’autoroutes, d’emprises ferroviaires et d’autres voies d’eau, le périmètre de Plaine Commune et de ses 9 villes est une constellation d’espaces parfois mal reliés et difficiles d’accès à pied, en voiture ou à vélo. Outre la passerelle Franc-Moisin/Bel-air/Stade de France, le territoire opère un décloisonnement de ses espaces, grâce à plusieurs projets emblématiques. La passerelle du Centre Aquatique Olympique permettra de faciliter les déplacements pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques avant d’offrir, à terme, une infrastructure pérenne créant une jonction entre le futur quartier de la Plaine Saulnier et le Stade de France en favorisant l’usage des mobilités douces. La passerelle du Village olympique enjambera quant à elle la Seine et permettra de désenclaver tout un secteur pour relier L’Île-Saint-Denis et le quartier Pleyel de Saint-Denis. A proximité de la passerelle Franc-Moisin, en aval, la passerelle Pierre-Larousse constituera également une transformation urbaine majeure sur la Zac du canal. Elle surplombera le canal Saint-Denis depuis la rue Pierre Larousse en rive gauche jusqu’au quai Gambetta en rive droite à Aubervilliers, afin de relier cet espace au quartier des Quatre-Chemins.

Enfin, l’ouvrage monumental du Franchissement urbain Pleyel permettra de relier la Plaine-Saint-Denis, les quartiers Pleyel et Landy-France, d'assurer une continuité urbaine et paysagère jusqu'aux bords de Seine et une intermodalité entre le RER D, le métro, et à terme la ligne H du Transilien. Il enjambera sur 300 mètres un des plus grands faisceaux ferroviaires du monde.