Trame verte et bleue
L’érosion de la biodiversité notamment au niveau des villes, a vu naître une politique publique ou outil qui porte le nom de Trame verte et bleue. Celui-ci vise plusieurs objectifs : une meilleure protection du vivant, un aménagement raisonné du territoire et la restauration d’un réseau aquatique et terrestre plus viable pour la faune et la flore. On vous explique tout en détails…
La biodiversité et son érosion, qu’est-ce que ça veut dire ?
La « biodiversité » désigne tous les milieux naturels et toutes les formes de vie, ainsi que toutes les relations et interactions qui animent ces milieux et formes. Selon l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, nous sommes entrés dans une sixième extinction de masse. La santé des écosystèmes et des espèces sur la planète déclinent à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine. On estime aujourd’hui qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction au cours des prochaines décennies. Les causes de ce déclin sont :
1/ Le changement d’affection des sols et de la mer, c’est-à-dire l’intensification des usages humains sur un espace. Par exemple, une forêt que l’on détruit pour y développer de l’agriculture bovine.
2/ L’exploitation directe de certaines espèces. Par exemple la surpêche de poissons.
3/ Le changement climatique. L’augmentation généralisée des températures bouleverse les conditions d’habitabilité des espèces.
4/ La pollution.
5/ Les espèces exotiques envahissantes.
À notre échelle, en ville, le nombre de papillons a chuté de 20% dans les parcs et jardins. En France, les oiseaux familiers des villes ont décliné de 30% en à peine trente ans.
Qu’est-ce que la Trame verte et bleue ?
La trame verte : les grands parcs, les grands ensembles et les cités jardins
Une partie du territoire est maillée par des ilots verts comme le parc Georges Valbon ou le Parc de la Légion d’Honneur. Ils constituent les noyaux de biodiversité de la trame verte urbaine. Ces espaces sont précieux et sont de véritables lieux de vie pour la faune et la flore sauvage. Des poumons verts aussi pour les habitants qui peuvent se ressourcer, dans un milieu fortement urbanisé.
La trame bleue : un territoire de confluence
Contrairement aux idées reçues, le territoire de Plaine Commune était autrefois traversé par de nombreux cours d’eau dont la très grande majorité a été canalisés et recouvert depuis plus d’un siècle. La Seine et le Canal Saint-Denis ainsi que les berges de ces cours d’eau constituent l’essentiel de la Trame bleue du territoire. Ces espaces offrent à la vie aquatique et maritime différents habitats pour une grande diversité d’espèces animales et végétales.
Pourquoi parle-t-on de trames ?
Pour se reproduire, se reposer, se nourrir, migrer, les espèces animales et végétales ont besoin de se déplacer. De quoi atteindre des lieux où les conditions de vie sont les plus favorables à leur développement. Il faut donc encourager la constitution d’une trame verte et bleue, comme un réseau qui maille le territoire. Or, l’urbanisation, les réseaux routiers ou ferrés, fragmentent les espaces naturels et limitent les déplacements des espèces.
Un outil pour le développement local
Le projet de Trame verte et bleue vise à combattre l’érosion de la biodiversité qui s’accélère et qui touche aujourd’hui de plus en plus d'espèces répertoriées, même comme ‘‘ordinaires’’ ; par exemple à Paris entre 2003 et 2016, la capitale a perdu 72% de ses populations de moineaux domestiques... C’est aussi un outil dédié au développement local, qui permet d’intégrer les enjeux de biodiversité dans les projets d’aménagements et de lutter contre les effets négatifs de l’étalement urbain, la pollution, la surexploitation des ressources…
Stratégie biodiversité parcs et jardins
Pour répondre aux enjeux de la trame verte et bleue dans ses parcs et jardins, Plaine Commune a élaboré une politique de préservation et de renforcement de la biodiversité, qui se décline en trois axes.
Axe 1 – Connaître (et faire connaître)
Ce premier axe vise à améliorer notre connaissance du patrimoine naturel du territoire pour cibler davantage nos pratiques, pour communiquer et sensibiliser à la question de la biodiversité :
- Réalisation d'inventaires faune-flore, permettant de recenser les espèces vivantes (les plantes et les animaux) présents sur notre territoire.
- Réalisation de protocoles de sciences participatives. Les programmes de sciences participatives permettent à chacun de contribuer à la recherche en découvrant la biodiversité qui nous entoure.
Il existe de nombreux protocoles. Les jardiniers de Plaine Commune en pratiquent trois sur une quinzaine de sites du territoire (parmi lesquels le parc Aimé Césaire à Aubervilliers, le jardin Carême Prenant à La Courneuve, la réserve C1 à Epinay-sur-Seine, le parc Frédérique Lemaître à Pierrefitte-sur-Seine, le parc de la Légion d’Honneur à Saint-Denis, le parc des Docks à Saint-Ouen).
Axe 2 : Entretenir (autant que nécessaire et aussi peu que possible !)
Ce second axe consiste à faire évoluer nos pratiques de gestion et d’entretien des espaces verts afin de les rendre plus favorables à la biodiversité et changer notre regard sur la maitrise de la nature en ville :
- Gestion et entretien de nos espaces verts de manière écologique : la gestion écologique consiste à entretenir de façon plus durable, plus naturelle. Il s’agit d’intervenir moins souvent (sur la tonte ou la taille) mais plus finement pour respecter les cycles des plantes et répondre aux besoins des animaux.
- Recyclage et valorisation des déchets verts : les « déchets verts » ne sont pas vraiment des déchets, plutôt des ressources que nous recyclons pour leurs nombreux avantages, comme améliorer la qualité des sols, favoriser la présence des insectes ou offrir des abris aux hérissons.
Axe 3 : Développer l’accueil de la biodiversité
Ce troisième axe concerne la déclinaison opérationnelle de la Trame verte à travers la requalification écologique des espaces verts existants :
- Etude et travaux de requalification écologiques : tous les ans, plusieurs parcs et squares existants font l’objet d’études et de travaux de renaturation écologique. Les objectifs de requalification sont le réaménagement d’espaces de nature et de fraicheur pour les usagers, le renforcement des continuités écologiques et la création de zones refuge pour la faune (alimentation, reproduction…).
Exemples de jardins : Square Henri Roser à Aubervilliers (photos avant / après), Square Fackler à L’Île-Saint-Denis (vue paysagiste), Square Ali Zeboudj à Epinay (vue paysagiste), Square Pierre De Geyter à Saint-Denis (vue paysagiste), Jardin Ephémère à Saint-Ouen (vue paysagiste), Parc francis Auffray à Stains (vue paysagiste). - Petits travaux de renaturation : tout au long de l’année, les équipes de jardiniers réalisent des petits aménagements dans les espaces verts pour les rendre plus agréables, plus favorables à la biodiversité et plus frais.
Exemples : création de bosquets d’arbres (parc François Mitterrand à Saint-Ouen, Talus Lecoeur à La Courneuve, …), Transformation de haie taillée en haie champêtre (square Moulin neuf à la Courneuve, Création de zones humides (parc de la légion d’Honneur à Saint-Denis),…