Avec Croque Brique, à la découverte des architectures créatives du territoire

Saint-Denis | L'Île-Saint-Denis

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Une balade architecturale dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine

Raconter autrement l'architecture du territoire. Guide indépendant et créateur du site de visites architecturales Croque Brique, Hugo Trutt, proposait lors des Journées Européennes du Patrimoine samedi 20 septembre, une balade à la découverte de lieux emblématiques de création culturelle sur le territoire et de leurs architectures singulières. De Saint-Denis à L'Ile-Saint-Denis, nous nous sommes fait une petite place dans le groupe de promeneurs. 

Rendez-vous était donné Place aux Etoiles sur le parvis de la station de RER Stade de France en plein coeur de la Plaine Saint-Denis. Un quartier qui, de prime abord, évoque davantage les industries lourdes du début du XXème siècle, les studios de télévision et le Stade de France, que les lieux de création culturelle ou artistique.  Un point de départ "amusant, presque une provocation" sourit Hugo Trutt, face à une attendance toute de k-ways vétue en ce dimanche pluvieux. Pourtant, dès le premier stop de cette visite organisée en partenariat avec le CAUE 93, ce patrimoine intattendu se révèle. 

 

À deux pas, l'Académie Fratellini, école supérieure des arts du cirque se dresse sur le chemin des promeneurs. Un lieu facilement identifiable dans le quartier par le revêtement en tôles rouges qui habille son grand chapiteau de 1600 places, matériaux récupérés du chantier de Disneyland, "une aubaine de réemploi" qui contribue à sa singularité architecturale. Après 3 ans de travaux d'extension de la grande halle historique, l'académie réouvre ses portes avec l'ambition de continuer à cumuler les étiquettes, à la fois école de renommée internationale, lieu de création et de diffusion de spectacles

 

Après une présentation de l'école par Valérie Fratellini, directrice pédagogique du lieu, et une visite du chapiteau, direction le Franchissement Urbain Pleyel juste à côté, ouvrage d'art majeur sur le territoire franchissant 48 voies ferrées et réunissant les quartiers du Landy et Pleyel à Saint-Denis. Un pont, oeuvre de l'architecte Marc Mimram conçu comme un espace public, belvedère sur la ville. Ou quand, pour Hugo Trutt,  "l'architecture créee des points de vue que l'on avait pas auparavant", contemplant depuis la partie piétonne de l'ouvrage, le bas de la Plaine et en fond la vue sur Montmartre et sa Basilique du Sacré Coeur. Egalement pensé comme un objet créatif, le FUP offre aux passants la promenade sonore "Vent, Soleil, Pluie", où les vibrations créées par les éléments sont captées par des micros, et retranscrites en sons à différents endroits du pont.

L'ouvrage débouche sur la Gare Saint-Denis Pleyel, futur hub métropolitain (bientôt 4 lignes de métro et 250 000 voyageurs par jour !) de 30 000m2, pensé là aussi comme un joyau architectural, épuré, oeuvre de l'architecte japonais Kengo Kuma. En plus d'accueillir bientôt un espace dédié à l'innovation sociale et culturelle,  la gare participera aussi dès 2026 à l'émergence d'une grande collection d'art accessible à tous. L'artiste plasticienne Prune Nourry a été missionnée pour modeler 108 vénus de bronze recouvertes d'une patine de terre, reflétant la diversité du territoire, et qui seront suspendues sur toute la hauteur de l’atrium de la gare. 

 

L'excursion urbaine continue, toujours à Saint-Denis, du côté de la Cité du Cinéma près des bords de seine. L'ancienne centrale thermique qui alimentait le métro parisien en électricité jusqu'au début des années 1980, a renaît de ses cendres il y a une dizaine d'années pour devenir l'un des principaux pôles cinématographiques français accueillant d'importants studios de tournage mais également l'école de cinéma Louis Lumière. Une partie des espaces du lieu dont la gigantesque halle centrale (photo) "deviendront bientôt des lieux d'accueil d'évènements et d'expositions pouvant accueillir jusqu'à 300 000 visiteurs par an". 

 

 

Des architectures passées repensées au service de la culture et de la création dans un tout nouveau quartier, celui du Village Olympique et Paralympique, sorti de terre pour accueillir les athlètes du monde entier lors des Jeux de Paris 2024, et qui restera en héritage pour les habitants du territoire. Un quartier où les promeneurs ont pu observer les 14 oeuvres d'art comme autant de points de repères et d'invitation à la balade dans l'espace public, installées dans le cadre de la démarche artistique Courants Fertiles intégrée dans le programme d'aménagement de la Société de Livraison des Ouvrages Olympiques (SOLIDEO).  Le groupe  s'arrêtera notamment au niveau de la tour Signal, plus haut bâtiment du quartier pour admirer Lucerna ("lanterne" en italien), sortes d'abstractions géométriques des anneaux olympiques, réalisés par les artistes Charlotte Vergely et Archibald Verney-Carron et "hommage au passé industriel du territoire et aux vitraux de la Basilique Saint-Denis", elle même surnommée "La Lanterne". 

Après avoir franchi le grand bras de la Seine par le nouveau pont Louafi Bouguera, lui aussi construit dans le cadre de la réception des Jeux, la visite se termine du côté de l'éco-quartier fluvial de L'Ile Saint-Denis, construit sur l'ancien site de 33 hectares des entrepôts du Printemps. Une fin de parcours, dans un quartier novateur en matière d'écologie urbaine et de préservation des espaces végétaux qui fera lui aussi bientôt la part belle aux pratiques culturelles. Le bâtiment de la future Cité des Arts et de la Culture "une structure presque vivante, avec ses colonnes pensées comme des muscles" pour Hugo Trutt, se dresse devant les promeneurs. Un immeuble pensé et conçu par Farid Azib, architecture du futur dialoguant avec celles du passé pour pérenniser des espaces de création sur le territoire.