En un peu plus d'un an, l'usine Bonne Nouvelle, qui fabrique les fameux "slips français" de la marque éponyme, est devenue l'unité la plus productive en fabrication de sous-vêtements en France. Une ambition forte des 5 fondateurs, acteurs engagés du Made in France qui veulent incarner, à Aubervilliers, l'avenir de la filière textile française.
Usine Bonne Nouvelle : la révolution de l'industrie textile made in France à Aubervilliers
Aubervilliers | Développement économique
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© Alex Bonnemaison / Plaine Commune
Cinq associés et un mot d'ordre : conjuguer compétitivité et fabrication française.

Bruno Haddad, l'un des cinq co-fondateurs de de Bonne Nouvelle devant les locaux de l'usine à Aubervilliers. ©Alex Bonnemaison
"Penses-tu qu'il soit possible de diviser le prix de notre produit par deux ?" Cette question, c'est celle posée en 2021 par Léa Marie, directrice générale du Slip Français à Bruno Haddad, fabriquant de vêtements depuis plus de 40 ans et co-fondateur de Wiltee atelier de marquage textile, lors d'un repas en marge du salon du Made In France, porte de Versailles à Paris. Les deux futurs associés se sont rencontrés quelques années plus tôt lors de la crise du Covid-19 pour fabriquer ensemble des masques, qui manquaient alors partout en France.
Avec les autres participants à ce repas décisif, Guillaume Gibault, (fondateur du Slip Français), Myriam Mentfakh (fondatrice de LeLabPlus) et Raphaël Malka (co-fondateur et président de Wiltee), ils ont alors une idée : unir leurs forces pour créer une usine française à échelle industrielle et faire de la relocalisation un levier de performance. Elle s'appellera "Bonne Nouvelle" en référence à la station de métro située dans le Sentier à Paris, quartier historique de la confection textile en France, et s'installera à Aubervilliers, rue Charles Tillon, à côté des locaux de Wiltee. "J'ai longtemps travaillé dans le sentier, et quand j'ai lancé Wiltee, il y a huit ans avec mon associé, on a trouvé un atelier à Aubervilliers, puis un deuxième, et ca s'est toujours bien passé. C'était une évidence pour nous de pouvoir installer Bonne Nouvelle ici si on en avait l'opportunité", explique Bruno Haddad.
L'aventure commence donc dans un local de 150 m2 avec pour première commande, la production de 26000 glacières en chanvre pour la marque Thiriez. "On a engagé 5 personnes et on les a fabriqué en 3 ou 4 mois, sans vraiment gagner d'argent mais cela nous a permis de nous lancer" continue le fabriquant. Un premier pas avant le grand saut : début 2024, le Slip Français lance sa gamme Révolution, avec pour objectif de diviser le prix de vente de son sous-vêtement phare par 2, avec Bonne Nouvelle et 12 employés à la manoeuvre.

Depuis 2024, Bonne Nouvelle est le fer de lance du projet "Révolution" lancé par Le Slip Français avec une nouvelle gamme de sous-vêtements "Made in France" plus accessible. @Alex Bonnemaison
Une usine innovante pourvoyeuse d'emplois locaux
Mais comment faire concrètement pour réduire les coûts de production, alors que la tendance nationale est toujours à la fermeture d'usines et que le made in France textile représente à peine 3% des 3 milliards de vêtements mis sur le marché français chaque année ? "L'objectif, c'était de se concentrer sur la production d'un seul produit, de former des personnes à sa conception et de trouver ensuite le bon mix avec l'achat de machines pour automatiser une partie de la production. On s'est vite rendu compte que la semi-automatisation nous permettait de rendre le produit très rentable".

© Alex Bonnemaison
Les fondateurs de Bonne Nouvelle investissent donc dans une machine, puis trois, en même temps qu'ils recrutent du personnel. Ils changent d'atelier également, pour un plus grand de 500 m2 toujours sur le même site. Et ça marche. "En 2024, on a produit 330 000 pièces, soit 7000 pièces par semaine. La prévision pour cette année c'est d'en faire 700 000, donc entre 15 et 18 000 tous les 7 jours." Pour ce faire, Bonne Nouvelle recrute sur le territoire. "90 % de nos 45 couturières viennent d'Aubervilliers, de Saint-Denis et de La Courneuve. Tout s'est fait par le bouche-à-oreille car quand les conditions de travail sont bonnes, cela se sait" explique Bruno Haddad, pointant du doigt des salaires 25% au dessus du smic et des activités multiples proposées sur les temps de pause.

Parmi les 45 employés que comptent déjà l'usine, 90% viennent d'Aubervilliers, de Saint-Denis ou de La Courneuve. D'ici 2 à 3 ans, Bonne Nouvelle compte recruter 200 nouvelles personnes et investir dans un nouveau local de 2000 mètres carrés. @Alex Bonnemaison
Et l'aventure ne fait que commencer à en croire le président de l'usine. Car si la production est aujourd'hui centrée pour son extrême majorité sur la fabrication des "slips français", elle possède déjà de nouveaux clients avec la mairie de Puteaux et la région des Pays de la Loire qui y font confectionner une partie de leurs équipements. Des petites séries certes, mais qui montrent que l'usine commence à diversifier son activité et est prête à accueillir de nouveaux clients dès 2026. Pour étoffer son fichier de commande, il faudra "embaucher 250 personnes d'ici 2 ou 3 ans" et surtout s'agrandir en terme de locaux. À Aubervilliers toujours ? "Si possible oui bien sûr, pour des raisons logistiques on veut rester très près d'ici à Aubervilliers ou La Courneuve. On gardera notre site pilote dans tous les cas, on l'a investit avec le coeur et on en est fiers". Une Bonne nouvelle de plus pour le territoire.